Hey hey,
Décembre, le mois du bilan.
Alors que je me contentais d'aligner une liste de favoris lors des années précédentes, en 2009 (on fait du neuf) j'ai envie de développer un peu mon propos (comme dirait mon père, j'utilise mon cerveau). D'où re-publication des chroniques des disques qui auront rythmé la crise. Ma crise. Mon changement de statut et de travail. Sur 31 artistes et groupes portés aux nues, 12 ont déjà joué à l'Emile Vache (dont 3 à 2 reprises). 5 vont bientôt nous rendre visite. 4 ont failli arriver jusqu'à notre porte. Pour les autres, je peux bien me foutre une bouteille de Laphroaig au cul et rêver...
Les favoris de 2010 sont d'ors et déjà les prochaines livraisons d'Austrasian Goat et Culture Reject ainsi que le quatrième et très attendu album de Vanessa Carlton. Tiens d'ailleurs, pas de teen pop dans ce top ? Ben ouais, je suis obligé de faire certains choix rédactionnels, comme tout bon connard de "journaliste de rock" qui se respecte. Du coup, j'ai passé les Demi Lovato, Pixie Lott et autres Miley Cyrus au placard. Ca ne veut pas pour autant dire que je n'ai pas fortement apprécié leurs petites ritournelles acidulées, hein (ce serait mal me connaître, en effet). Puis je ne compte pas toutes les rééditions et les vieux trésors dénichés au détour d'une bourse ou d'un bac obscur que j'ai écouté plus ou moins en boucle (dernier en date : le Hold It Down de Das EFX en DoLP, pas plus tard qu'il y a deux jours à Bruxelles).
Que peut-on espérer pour la nouvelle année ? Une bombe nucléaire, une nouvelle grippe espagnole, le chaos, la violence et l'anarchie, mais surtout un deuxième album solo de Fergie et un signe de vie de Gwen Stefani. Puis le prochain Burzum que je vais guetter avec attention.
Bon j'arrête mes conneries. Tous les disques que j'ai reçu en novembre seront chroniques pour l'update de janvier. Désolé les gens. Les lettres de mécontentement sont à envoyer à la même adresse, toujours :
Si vous êtes sur la région, passez me faire un petit coucou au bar lors d'un concert. Si vous êtes d'ailleurs, passez me faire un petit coucou au bar lors d'un concert.
Keep it grim.
Buddy Satan x Noir Fluo
1.
CULTURE REJECT S/t CD
C’est bon de rattraper son retard, surtout quand le hasard met sur ta route un projet aussi excitant que CULTURE REJECT, le one-man pop-band par excellence. From Toronto, la bête. Cet album est sorti en début d’année dernière mais est trop bon pour que je le passe sous silence. Il te donne envie de claquer les doigts en rythme, de te briser la nuque à force de la bouger, pis je te parle même pas de tes semelles qui s’affolent alors qu’il n’y a même pas de batterie. Le piano fait l’amour à la guitare et c’est juste « woaw bordel » pis je te parle même pas de cette voix démentielle qui renvoie Ben Gibbard au fin fond de son taxi. Je me répète, certes, mais je le répète : c’est pas de la merde, CULTURE REJECT. C’est même tout le contraire. FAVORI. (White Whale) www.myspace.com/culturereject
2.
LE PARTI Excitement As Such LP
Oh putain, comment j’ai miséré pour le chroniquer, cet album. Et putain, bâtard de tes morts, cet album il tue. Je me répète, et je le répète : cet album il tue. Et quand tu dis trois fois la même chose, ne te tripètes-tu pas ? En tout cas, ne te tripote plus sur tes disques de WIRE, GANG OF FOUR et PERE UBU, laisse tes FRUSTRATION au placard, bouge tes CHEVEU surtout si tu es né mauvais et laisse toi emporter par le doux flow de cet album (qui tue). Sans déc’, les gars du PARTI sont des potes, ma chérie et son copain ont réalisé l’artwork, mais même s’ils avaient été de parfaits inconnus, j’aurais quand même trouvé que cet album (qui tue) tue. Y’a déjà deux tubes immortels que tu les écoutes une fois tu les retiens tout de suite et jusqu’à ta mort ils restent collés dans un coin de ton crâne (I Don’t Know et Sufferings, déjà présent sur l’excellent premier maxi). Mais le reste est à l’avenant. Et quel avenant. Collision extraordinaire entre fraîcheur pop (les refrains), tension post-punk (les dialogues entre basse et guitare) et sueur rock’n’roll (ça joue, ça te donne envie de danser, voire de tout péter autour de toi). Les textes sont humbles et intelligemment écrits. L’artwork est beau, rappelant au passages aussi bien PULP que Factory Records. Bref, cet album (qui tue) tape dans le mille, je ne compte plus le nombre d’écoutes depuis que je l’ai reçu, je ne m’en lasse pas, il sera même second de mon top 30 de fin d’année (derrière l’album de CULTURE REJECT, faut pas délirer non plus). FAVORI. (Facto) www.myspace.com/leparti
3.
JESSICA LEA MAYFIELD With Blasphemy, So Heartfelt LP
Le favori de 2008 en CD revient en vinyle en 2009. Favori. Y’a pas d’autres mots. Favori. Ce disque est tout simplement magnifique. Il s’écoute à burnes, quinze fois de suite. Il s ‘écoute les yeux ouverts ou fermés, bien réveillé ou à moitié endormi. Il s’écoute le cœur léger ou lourd de tristesse. C’est un chef d’œuvre de folk contemporaine. Et pourtant, le monde continue à l’ignorer. Combien de chroniques faudra-t-il que je torche pour t’en convaincre ? FAVORI. (Polymer) www.myspace.com/jlmayfield
4.
SAMMY DECOSTER Tucumcari CD
Ils sont rares, les Français à savoir correctement jouer la folk à l’Américaine. Y’a FRENCH COWBOY et aujourd’hui le petit père Sammy qui sort de nulle part ce prodigieux Tucumcari. Premier album chez Barclay, ça rigole pas. Les influences se lisent sur son visage : SPARKLEHORSE, Dick Rivers, CALEXICO, Eddy Mitchell. Un bel équilibre entre americana respectueuse et contrefaçon française de goût. Le type est doué, y’a pas à chier. Sa composition est fine, a le sens du rythme, de l’arrangement et de la retenue. Son chant est profond et sa diction n’est même pas gênante. De plus, je dénombre pas moins de cinq réussites incontestables (Tucumcari, L’Homme Que Je Ne Suis Pas, Savannah Bay, The Drive et Tu Me Hantes qui clôt magnifiquement ce disque) évoluant au milieu de titres plus intimistes et ambiancés servant de ciment à la consolidation d’un talent qui m’a sauté à la gueule au bout d’une seule et unique écoute. Chapeau. FAVORI. (Barclay) www.myspace.com/sammydecoster
5.
THE AUSTRASIAN GOAT Piano & Stump DoLP
Chroniquer un disque du GOAT est la chose la plus compliquée qui soit. Parce qu’hormis verser dans l’hystérie dithyrambique à chaque sortie, je ne vois pas quoi dire d’autre. C’est vrai, putain. J’entretiens un rapport tellement intime avec sa musique (gros pervers, ce n’est pas ce que tu crois). J’ai pu observer l’évolution, les remises en question et les décisions qui ont amené Julien à accoucher de ce nouvel opus. Je ne donnerai cependant pas dans le gossip et l’anecdote, ça ne sert strictement à rien. Je vais simplement souligner à nouveau quelque chose qui me paraît essentiel pour comprendre la portée de son œuvre : la musique d’AUSTRASIAN GOAT, aussi extrême et érudite soit-elle, est capable de toucher au cœur n’importe quel être vivant sur cette planète. Ouais. Sa beauté est universelle. Je pourrais écrire un bouquin sur ce disque (comme sur les précédents), te dire que l’artwork défonce, que le travail sonore est encore plus abouti, que le piano tient une place prépondérante et digresser sur d’autres œuvres qui sont chères à mes yeux, parler de la démarche pure et sans compromis du bonhomme, bref faire comme tout bon journaliste qui se respecte : s’en tenir aux faits. Ben voilà. Le meilleur disque de 2009, sans conteste. FAVORI (Burning World) www.theaustrasiangoat.com
6.
A SECOND OF JUNE The Inside Laws CD
Claque dans la gueule. Directe. Violente. Sans appel. Les Strasbourgeois viennent d’accoucher (sans le savoir ?) d’un très grand disque de pop moderne, à la croisée des chemins d’INTERPOL, OMD et NO KNIFE. L’alchimie est parfaite. Rock acéré et mélodique, avec quelques accidents de parcours et surtout des tubes qui ne se révèlent pas aussi facilement que chez certains. J’apprécie cette fragilité et cette capacité à construire des thèmes qui prennent toutes leurs dimensions pour l’auditeur qui daigne se donner la peine d’y plonger. Malheureusement, m’est avis que beaucoup vont passer à côté de ce splendide album, à cause du nom du groupe, de l’artwork anonyme ou de mes comparaisons foireuses. Belle erreur. Car pour l’instant, le meilleur disque de 2009 sorti en 2008 c’est bien lui ! Et c’est un putain de FAVORI. (Kim) www.myspace.com/asecondofjune
7.
TEITANBLOOD Seven Chalices DoLP
Album métal de l’année. Y’a rien d’autre à dire. Et en même temps, je pourrais écrire quinze pages sur ce disque tellement celui-ci est profond, dense, classique et novateur à la fois. Chaque note t’éclabousse de boue, chaque raclement de gorge provoque un saignement interne. Primitivisme et modernisme s’affrontent dans un même combat à mort. Le duo espagnol convoque le MORBID ANGEL des débuts et le NILE de Black Seeds Of Vengeance, le tout avec un soupçon de POSSESSED (Seven Chalices / Seven Churches, t’as capté la référence ?) et de GRIEF. Alchimie parfaite. Graphiquement, on note une fidèle dépendance à l’univers Lovecraftien et à ses formes uniques. Si la couvrante est sublime, elle n’est cependant rien en comparaison de l’orgie crayonnée t’attendant à l’intérieur du livret. Un travail qui prend le contre-pied des inserts de DEATHSPELL OMEGA (dans le trip chiadé) tout en restant luxueux et soigné. J’apprécie quand le fond et la forme s’unissent pour ne faire qu’un. C’est le cas ici présent. Culte en devenir, parfait de bout en bout, indispensable à tout fanatique de musique pour comprendre ce qu’est le métal aujourd’hui. FAVORI. (Norma Evangelikum Diaboli) www.teitanblood.com
8.
NAIVE NEW BEATERS Wallace CD
Me souviens encore avec émotion de leur concert taré au Tunnel pour l’anniversaire de Tof en 2007. Z’ont tout pété en une heure de temps. Putain de funkiness. Tout e monde sur le cul. Aujourd’hui, ça a l’air de bien marcher pour eux. Pubs pour Nokia, passages remarqués en festivals, et un premier album PARFAIT du début (LA Trumpets, intro bien débile) à la fin (The Last Badaboum, chanson pour enfant pas bien dans sa tête). Entre les deux, du tube (Get Love, Live Good), du tube (Wow Now, Can’t Choose), du tube (Just Another Day, Dual Income No Kids) et encore du tube (Janeiro, Boring David). J’avais jamais calé l’influence STROKES avant. Là, elle me saute aux yeux (en plus de ce côté Prince meets John Frusciante dans les grattes). Rien à dire, rien à jeter, ce disque est fait pour durer. C’est un FAVORI tout désigné. (Cinq7) www.naivenewbeaters.com
9.
SHINING VI : Klagopsalmer DoLP
Tout a plus ou moins été dit dans les stratosphères du journalisme métal suite à la sortie de ce disque. Je n’avais pas eu l’occasion de lire des chroniques aussi longues et détaillées depuis un bon moment, d’ailleurs. Preuve que SHINING est désormais un groupe qui compte. Canonisé. Panthéonisé. Loin d’être mort. Perso, je ne vais pas taper dans le lyrisme de comptoir ou l’analyse sociologique (y’en a qui se débrouillent mieux que moi) mais simplement souligner et appuyer un fait : ce sixième album a tout d’un classique indémodable. C’est un truc qui m’a sauté aux oreilles dès la première écoute. Les Suédois emmènent leur black métal encore plus loin que sur le V, décourageant ainsi les prétendants au trône de meilleur groupe du monde noir. Là, ils sont intouchables. Vas-y pour les rattraper ou ne serait-ce qu’effleurer le même niveau d’excellence, de musicalité et de génie. Ce disque est juste incroyablement évident. Tout y coule de source : les solos déglingués, les prouesses vocales de Kvalforth, les ambiances acoustiques mystiques confinant au grand FLOYD, les matraquages épiques, les expérimentations délétères. Ce disque s’écoute avec le même respect et le même plaisir, que tu le découvres pour la toute première fois ou que tu le connaisses par cœur. Une œuvre maladive, totalement inhumaine mais définitivement bien réelle. Un tour de force absolu. Une bombe sans nom. Tellement bouleversante que je ne sais même pas quoi en dire ni par où commencer. Ce Klagopsalmer se passe de commentaires, voilà tout. Let the music do the talking. FAVORI. (Osmose) www.myspace.com/shininghalmstad
10.
JUNIOR BOYS Begone Dull Care CD
Le disque de l’été ! FAVORI. (Domino) www.myspace.com/juniorboys
11.
CENTENAIRE The Enemy CD
Un groupe qui a du manger beaucoup d’épinards et boire beaucoup de Bordeaux avant de composer ce nouvel album. Du fer, du vin, la référence ne t’aura pas échappé. Ou si, peut-être. Faut dire, mes vannes tombent souvent à plat. Tout le monde le sait, je suis aussi drôle qu’une gastro un jour de mariage. Bref, je m’égare. Tout ça pour dire que les Parisiens de CENTENAIRE ont probablement beaucoup écouté IRON & WINE avant de s’atteler à l’enregistrement de The Enemy . Voilà, six lignes pour faire une comparaison. Rentre chez toi, Philippe Manœuvre. Re-bref. Tout ça pour dire que ce nouvel opus est de toute beauté. Sept compositions charnelles, envoûtantes et hypnotiques qui tournent inlassablement dans la platine depuis que le facteur me les a apportées. Sept compositions qui élèvent le groupe à la droite de SYD MATTERS. Fa-fa-fa-fafafa-fa-favori ! (Clapping Music/Chief Inspector) www.centenaire.net
12.
PIERO MOIOLI S/t CD
Dans Les Squares et Lolly se sont installées dans ma tête depuis la première fois où je les ai écoutées. Plus moyen de les en déloger. Normal, je suis là en présence de deux petits bijoux dotés d’arrangements orfèvres et d’une assise mélodique affirmée. Je n’avais pas vraiment suivi les aventures de Piero dans LE P’TIT JEZU, je le retrouve donc maintenant aux commandes d’une carrière solo qui s’avère, à l’écoute de ce premier maxi, plus que prometteuse. Sa pop solaire douce-amère est protéiforme, tournée vers le passé (Gina) mais regardant quand même droit devant (Je Sors et son clin d’œil à Marc Minelli). Chose rare, pour une fois le chant en français ne me gène pas (sauf sur It’s Over, le morceau le plus faible du disque). Probablement la faute à des textes mieux écrits que la moyenne (Dans Les Squares, encore et toujours). Connaissant mes goûts mieux que personne, j’en suis donc le premier surpris. Plutôt bon signe, non ? (Casa Nostra) www.myspace.com/pieromoioli
13.
THE LOVE ME NOTS Detroit CD
Une fois passé le petit blocage du chant féminin qui peut paraître un peu atypique (une rugosité à la AFFINITY), la soul garage 60’s qui inonde ces treize tubes se révèle on ne peut plus jouissive. L’énergie punk le dispute à la nonchalance yéyé, les grattes surfisent comme c’est pas permis, les claviers te font voir trente-six couleurs différentes, entre la spirale hypnotique et le kaléidoscope si tu vois ce que je veux dire. Tout pour la danse, tout pour la transe. Les LOVE ME NOTS ont la classe. Point barre. J’ai même envie de mettre des jupes blanches et de me faire une choucroute, c’est dire. FAVORI (et en concert à l’Emile le 16 avril). (Atomic A Go Go) www.myspace.com/luvmenots
14.
MASS HYSTERI Var Del Av Stan LP
Putain de bordel ! Voilà enfin le chef d’œuvre que j’attendais ! THE VICIOUS n’était qu’un apetizer. Avec MASS HYSTERI, les Scandinaves ont enfin trouvé la bonne faille temporelle les transportant aux débuts du punk et de la new wave. Tout est parfait sur ce disque. Les bons riffs et les bons refrains aux bons moments avec les bons breaks et les bonnes voix mixtes sur les bons tempos pendant le bon nombre de minutes pour pas que ça devienne chiant. Bon. Si je ne dois en garder qu’un parmi les GORILLA ANGREB, les KNUGEN FALLER et autres je sais plus quoi, ce sera bien celui-là. Comment je kiffe, putain. FAVORI. (Feral Ward) www.feralward.com
15.
LYRINX Ending The Circle Of Life LP
Au risque de passer pour un abruti fini par la trve élite BM, ce nouveau LP de LYRINX (les morceaux sont tirés du split avec AUSTERE) me fait le même effet physique que lorsque j’écoute certains morceaux de Josh Wink et Carl Cox. Un thème, une infinité de montées vertigineuses et de descentes salvatrices. Tout l’art de la techno condensé dans un magma de mélancolie d’un peu plus d’une demi-heure. J’ai rarement eu l’occasion d’écouter une œuvre aussi belle et sombre depuis le dernier AUSTRASIAN GOAT. Les grattes t’arrachent des larmes, le chant te déchire l’âme de part en part et le batteur déroule un jeu aussi simple que subtil, toujours sur le même tempo (ou presque). Les textes respirent la souffrance et le mal de vivre. L’artwork est noir comme le souvenir. Je l’écoute en boucle, même (surtout) quand il fait beau. Grand FAVORI. (Insidious Poisoning/Eternity) www.myspace.com/lyrinx
16.
WILLIAM ELLIOTT WHITMORE Animals In The Dark LP
Plus que ce magnifique cinquième album, ce sont les circonstances de ma rencontre avec le personnage que je retiendrai. Au départ, un message de Martin (driver extraordinaire) qui me demande de lui caler une date en urgence. Sept jours pour réagir. La date est arrangée le lendemain de son appel à l’aide. J’en fais la promotion comme je peux, à l’arrache. J’en parle autour de moi, je balance quelques messages sur les forums. Le soir du concert. J’ai prévu de le faire jouer avant Poney Club, pour l’apéro (19h30). Il est 19h00, il y a déjà quarante personnes à l’Emile et William n’est toujours pas arrivé. 19h15. Il entre dans le bar. 19h20. Il pose ses affaires sur scène. 19h25. Son soundcheck dure trente secondes. 19h30. William démarre son concert. 20h30. Ovation de l’assemblée, en une heure il vient de couper les jambes de toutes les personnes présentes dans la salle. Martin et Paul (merch guy) sont pris d’assaut, ils vendront pour 150 euros de disques. Jamais vu un truc pareil. Son concert m’a tué, j’ai même eu une révélation en entendant Hard Times. On passe le reste de la soirée à boire des coups au bar, puis à la maison on vide deux bonnes bouteilles de whisky tout en se racontant nos vies. Depuis l’expérience 3 Cool Cats, je n’avais plus vécu quelque chose de semblable avec un groupe/artiste. Je crois que ça me manque beaucoup. Mais rien que pour cette soirée, merci Paul, merci Martin (putain, oui) et merci William. FAVORI. (Anti) www.myspace.com/williamewhitmore
17.
JONJO FEATHER Is Or Ok CD
Joli disque fracturé. La pop du gars Jonjo se confectionne à l’aide de bouts de métal divers et variés. La dissonance est une composante indivisible de son mur du son. Certaines mélodies valent carrément le détour. Lo-fi comme pouvait l’être SONIC YOUTH sur son chef d’œuvre Experimental Jet Set Blah Blah Blah, avec une légère touche anglaise genre le BLUR de Parklife et un goût douteux pour le psychédélisme de babeloche (entre BECK et les 13TH FLOOR ELEVATORS). Mais ça marche. Quatre trubes imparables : Taxi, Little Spark, I Suppose et Rickenbacker Baby. C’est plus que sur le dernier Franz Ferdinand. (Dead Young) www.jonjofeather.com
18.
OESTROGENA ORCHESTRA Ni Vues, Ni Connues CD
Aux chiottes, l’éthique. Wondernoise a sorti ce disque, en coprod’ avec les filles. Je ne suis pas peu fier d’y avoir participé avec Jennie. Il est des groupes qui transcendent les genres et qui me foutent directement les larmes aux yeux quand j’écoute leurs disques. Les OESTRO font partie de cette catégorie. Et c’est un métalleux/hardcoreux/punk/grindeux/ce que tu veux qui te le dis. Et c’est pas pour en vendre trente-cinq caisses. On en écoulerait trois exemplaires que j’en aurai de toute façon rien à foutre. Il fallait juste qu’on prenne part à ce beau projet. C’était plus fort que nous, que la raison ou le bon goût. C’est tout. On aime les filles, leur musique, leurs textes, leur humour, leurs prestations scéniques. Ah oui, j’oubliais : c’est de la chanson française. On se foutra probablement de ma gueule dans les milieux autorisés. C’est pas grave, ce sera l’occasion de mettre quelques baffes dans la gueule en signe de bienvenue. Artwork signé New Work City, beh ouais on reste en famille. (Wondernoise) www.oestrogenaorchestra.com
19.
THE CESARIANS S/t CD
Ce disque est un chef d’oeuvre. Pour situer (car les mots manquent pour le décrire), tu prends Frank’n’Furter, Oliver Twist, Nick Cave, Tori Amos, Gatsby Le Magnifique, Tom Waits, tu secoues bien fort et tu bois cul-sec. Comédie musicale imaginaire, cabaret infernal, musicalité à nulle autre pareille. Sérieusement. Je ne sais pas dans quelle mesure mes petites chroniques de merde portent à conséquence, si tu t’intéresses aux groupes que je mets en avant, si tu fais la démarche d’aller y jeter une oreille, voir de télécharger quelques morceaux, ou encore (folie pure) d’acheter leurs disques. Mais merde putain, s’il y a un disque à se procurer d’urgence ce mois-ci, c’est bien celui-là. FAVORI. (DIY) www.thecesarians.com
20.
JESSIE EVANS Is It Fire ? CD
Autant j’ai eu du mal avec la personne lors de son concert au Tunnel (capricieuse, pas très sympathique), autant sa prestation m’a mis sur les rotules tellement c’était bon. Constat similaire à l’écoute de ce premier album. De la bombe, bébé. Is It Fire ? Quelle question ! Toby Dammit déconstruit ses rythmes pour les remonter à la sauce salsa du demon avec la rigueur d’un metronome et l’inventivité d’un Buddy Miles. La diva, quant à elle, invoque les dieux de la danse avec conviction et stupre. La recette fonctionne sur chaque titre (à neuf reprises, donc, sans compter l’horrible résucée DEAD CAN DANCE To The Sun et la version espagnole du morceau-titre), transformant ton salon cosy en dancefloor moite. Impressionnant. Bizarrement, je n’en attendais pas moins. Maintenant, interrogation cruciale : serais-je prêt à la faire rejouer, ne serait-ce que pour me reprendre une gifle monumentale, en faisant abstraction de tous ces côtés qui m’énervent chez elle ? (DIY) www.myspace.com/jessieevansmusic
21.
GOSSIP Music For Men CD
Le disque le plus attendu de l’année démarre gentiment avec un Dimestore Diamond qui marche sur des œufs malgré sa basse qui crépite. Une ouverture plutôt maline pour qui s’attendait à des pétarades à facettes en veux-tu en voilà. Mais faut pas se leurrer, au bout de trois minutes, les filles sortent l’artillerie lourde : Heavy Cross et 8th Wonder (qui rappelle Jealous Girls) explosent de guitares acérées en refrains perturbants. Lessivant. Love Long Distance et Pop Goes The World calment le jeu, synthétisent un peu plus l’univers du trio, tapant allègrement dans la dance music intelligente des années 90. Claviers acérés et refrains perturbants. C’est le mot d’ordre. On n’est même pas à la moitié du skeud que le pari semble déjà gagné. La déception n’est plus qu’un mauvais souvenir, un doute à la con. GOSSIP confirme bien là son statut de machine à écrire du tube. D’ailleurs, tu penses déjà avoir eu ton quota qu’elles t’en envoient encore un peu dans la gueule, histoire de parfaire le carnage. Bon, je dirais pas qu’on a droit là à un album parfait (ça s’essouffle un peu en fin de parcours) mais en tout cas l’affaire se révèle du niveau de Standing In The Way Of Control, ce qui est déjà un exploit en soi. Rendez-vous dans trois ans pour le prochain missile, en espérant que les tournées mondiales et couronnées de succès ne les auront pas rendues connes comme leurs pieds. (Columbia) www.gossipyouth.com
22.
KACEY JOHANSING Many Seasons CD
Il est des disques qui aiment à te tomber sur le coin de la gueule sans crier gare. Comme ça. Boum. Et ces même-disques te laissent bien souvent des marques indélébiles. Comme ça. Schlak. La recette de la jeune Kacey est simple comme bonjour. Feist et Norah Jones par une belle matinée d’été. C’est léger comme un Malteser et onctueux comme le cheesecake de Maman. Cette musique respire la joie de vivre et la mélancolie des jours d’ennui ensoleillé (Angel Island, single évident). Tout ça avec un piano, quelques cordes, un peu de batterie et une voix féminine hors du temps. L’écouter, c’est succomber (m’a fallu une seule écoute pour en tomber amoureux). A noter que la belle sera en concert à l’Emile Vache vendredi 17 juillet avec sa copine Vera Gogh et les potes Morgan Manifacier et Travis Vick, le tout pour 0 euros. FAVORI. (DIY) www.myspace.com/kaceyjohansing
23.
KICKBACK No Surrender CD
Retour aux fondamentaux. CONVERGE, BLOODLET, INTEGRITY. Il était temps que les Parisiens modernisent un peu leur son. Dix ans d’attente, pour une fois je ne suis pas déçu. Le chant est toujours aussi délirant. Le groove est écrasant. Les riffs sont grandioses. KICKBACK (enfin, Stephen Bessac et ses intérimaires) s’est surpassé, réussissant à transcender les espoirs mis dans le groupe avec Forever War (impasse sur le très mauvais 150 Passions Meurtrières ; le titre était joli, cependant). Larsens, douleur, moshparts. La Sainte Trinité du pit en flamme. A côté de ce disque, l’intégralité de la production hardcore française actuelle sonne comme des chutes de studio du dernier GUERILLA POUBELLE. FAVORI. (GSR) www.myspace.com/kickback
24.
RUINS Cauldron LP
Black death moderne. L’Australie accouche de nombreux et immondes talents. Un soupçon de doom dans le bordel. Le résultat impressionne. Les sept titres présents dans ce Chaudron sont passionnants de bout en bout. De superbes riffs black classiques genre torrents de sulfure accouplés à de purs passages heavy death mélodique (Cauldron, modèle du genre) pour de véritables chansons qui ne se contentent pas d’enchaîner les passages terrifiants les uns après les autres comme à l’usine. T’entends ?! Sérieusement, après dix mille heures de musiques et 564 chroniques en trois jours, je suis un peu à cours de vocabulaire pour exprimer tout le bonheur que provoque l’écoute de ce bijou noir. Y’a pas de sac, tu peux t’y jeter les yeux fermés et les cages grandes ouvertes. FAVORI. (Debemur Morti) www.myspace.com/ruinsblackmetal
25.
BART DAVENPORT Palaces LP
Sur ce quatrième album, Bart Davenport parvient à faire fusionner sans aucune faute de goût le génie de Burt Bacharach, la folie sexuelle du George Michael de Listen Without Prejudice, la virtuosité pop des HOUSEMARTINS, le charme désuet de Jonathan Richman et la moiteur soul d’Otis Redding. Cet album est aussi discret (sorti dans une confidentialité rare alors qu’il met à l’amende tous les petits cons Anglais en terme de tubes qui restent dans la tête pour le reste de l’éternité à venir) qu’il est énorme. C’est un favori tout ce qu’il a de plus naturel. (Antenna Farm) www.myspace.com/bartdavenport
26.
YETI LANE S/t CD
J’avais pas trouvé leur concert du début d’année aux Trinitaires (en première partie d’ELYSIAN FIELDS) plus passionnant que ça. Ce premier album est donc d’autant plus surprenant qu’il me scotche la gueule dès First-Rate Pretender (single potentiel au refrain entêtant). Merde, on parle bien du même groupe là ? Apparemment oui. Twice enchaîne directement avec une orgie de tricotage guitaristique foudroyant (chanter les mêmes mélodies que son instrument c’est con mais ça marche toujours). Black Soul temporise et t’expédie dans une dimension parallèle faite de pochettes de disques couleur pastelle. Comme si SPY VERSUS SPY avait fumé Syd Barrett. Le reste est du même acabit que ce démarrage en trombe. Le trio parvient à confondre dans une même chanson orfèvrerie pop (ils doivent l’entendre tous les jours, ce terme-là), psychédélisme folk et personnalité propre. Les comparaisons revenant le plus souvent (THE FLAMING LIPS, PAVEMENT) me gonflent un peu, je préfère donc jouer la carte du « aurait sa place à l’aise sur Jagjaguwar ou Absolutely Kosher ». Ouep, on a la classe ou on ne l’a pas. Lonesome George est un tube interplanétaire, tout le monde sera d’accord. Ouep, on a la classe ou on ne l’a pas. Les types viennent de placer la barre tellement haute qu’il va être difficile de la sauter, même avec une perche de dix mètres de long. FAVORI. (Clapping Music) www.myspace.com/yetilane
27.
APPOLLONIA Blank Solstice LP
Rooohhh le riff de cochon, y’a pas mieux pour commencer un disque. Comble du bonheur et de l’humour, les Bordelais s’arrêtent là où un groupe tel que KEELHAUL commence à devenir chiant. Parfait. Je le dis depuis le début, ces trois jeunes gens ont un talent fou. Ils osent les pires hérésies (chant clair, guitares acoustiques, morceaux longs, arpèges étranges, arrangements extraterrestres) avec majesté, classe et défiance. Pourtant, le petit monde de la musique (nianiania) continue à les ignorer. Du néo métal au black en passant par la pop, l’ambient, le hardcore chaotique, le punk, tous les styles qu’APPOLLONIA pratique sont finement digérés et resservis avec intelligence, maîtrise et intensité. Le chant me fait parfois penser aux premiers SHAI HULUD : expressif, arraché, viscéral. Je me pose une question à l’écoute de ce disque : les types seraient-ils fans de SHINING ? Ce serait vrai que ça ne m’étonnerait même pas. On va mettre les compliments en veilleuse et juste exprimer vite fait notre ressenti envers des tempos un peu trop monotones (en cela, Among Wolves, leur précédent opus, apparaît comme un album beaucoup plus diversifié et surprenant) et un artwork décevant de la part de Jüül, capable de faire beaucoup mieux (cf Among Wolves, encore une fois). Mais c’est faire là la fine bouche. Je préfère l’ouvrir en grand et avaler toute la générosité dont ce Blank Solstice déborde. (Maximum Douglas) www.myspace.com/appolloniageeks
28.
LEONORE BOULANGER Les Pointes & Les Détours CD
Pour une raison qui m’est inconnue, cet album de Léonore Boulanger reste pour moi un mystère insondable. Mais j’aime beaucoup ce que j’entends. De la poésie sonore. Des textes français qui ne me font penser à rien dans le sens où ceux-ci me vident la tête de toute pensée objective. Un feeling jazz constant qui me fait tourner la tête. Piano volatile. Batterie volage. Voix sensuelle et expressive. Profonde et chevrotante. Une véritable révélation. Ce disque n’est pas un favori. Il ne le sera même jamais. Par contre je l’écoute régulièrement, la tête en arrière, les yeux fermés, allongé sur mon canapé. Je divague. Je m’évade. Ce disque n’est pas un favori. Mais il bouleverse mon quotidien en me rappelant à quel point je peux être surpris par ce que je ne connais pas encore. (Le Saule) www.myspace.com/leonoreboulanger
29.
FILIA MOTSA Tribute To KC LP
Hydre à deux têtes, la FILIA MOTSA martèle ses peaux et caresse ses cordes avec l’énergie du désespoir, celle-là même qui appelle au dépassement de soi et à l’accomplissement de nos fantasmes sonores. Une expérience musicale et physique totale qui donne enfin naissance à un premier album très attendu. Ce sont les potes de Percolation qui sérigraphient la chose (très belle œuvre, encore une fois) et les intimes de Chez Kito Kat qui se chargent de la sortie et de la distribution. Rien à dire, l’association de ces trois entités donne un résultat vraiment impressionnant. Anthony et Emilie se lâchent complètement, délivrant une musique autre. Quelque chose qui n’existait pas avant et qui continuera peut-être à exister après. Les influences pourraient être nombreuses (Constellation les a à l’œil, ils jouent avec OXBOW et Steve Shelley), elles sont tellement finement digérées qu’il m’est à l’heure actuelle impossible d’en sortir une. FILIA MOTSA se décrit mieux avec des adjectifs : expérimental, noisy, hypnotique, envoûtant, angoissant, beau (comme une prison qui brûle). FILIA MOTSA s’écoute surtout, les tympans à l’affût, les oreilles toutes ouïes. Bien entendu, entre ce qui se retrouve gravé sur ce disque (aura noire, mystique, violente et sensuelle) et ce que les espoirs mis dans le duo augurent, il y a une marge de progression assez folle qu’il me tarde d’expérimenter. En pleine gueule. J’ai encore trop bu, cherche pas la logique dans ma syntaxe. (Chez Kito Kat) www.chezkitokat.com
30.
LIGHTNING DUST Infinite Light LP
Je les fais jouer le 13 décembre à l’Emile Vache. Bonheur. Depuis que je sais, je n’en peux plus. J’attends ce concert avec la plus folle des impatiences. Je peux être très con, parfois. Tout ça parce que Joshua et Amber jouent aussi dans BLACK MOUNTAIN. Mais pas que. LIGHTNING DUST n’est pas qu’un side-project cash machine bouche trou pour combler les emplois du temps de nos deux hippies virtuoses. C'est aussi, et surtout, de la beauté en forme de notes de musique. FAVORI. (Jagjaguwar) www.myspace.com/lightningdust
31.
THE XX S/t LP
Hé bé, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas aveuglément fié à une chronique de disque pour en acheter un (de disque). En l’occurrence, après avoir lu la dithyrambe du dernier Magic et être tombé comme de fait exprès sur le dit-disque à la Face Cachée, je n’ai même pas réfléchi deux secondes. Et c’est vrai qu’il est bon. Il tombe pile-poil au bon moment. Il est doux, léché, spontané et pétri de bonnes influences (Chris Isaak, THE CURE, JOY DIVISION… les rocks critics sont abrutis par leurs reprises d’Aaliyah et voient du R’n’B partout, il est enfin respectable d’avouer qu’on aime s’envoyer un petit Beyoncé entre deux WIPERS, en gros c’est comme avec le métal dans les années 90). Seul problème : ces petits cons ont annulé leur prestation Luxembourgeoise trois jours avant la date fatidique sous prétexte de grosse fatigue. Les mecs (et meufs), si vous n’êtes pas prêts à supporter la vie de rockstar et les ponts d’or que l’on va vous faire pour votre bien précieux (et futile), lâchez l’affaire de suite. Ou choisissez un autre agent. (XL) www.myspace.com/thexx
HYDRE A 4 TETES
mardi 1 décembre 2009
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9 commentaires:
Pour 2010, le premier album de CHAPELIER FOU reste l'une de mes plus grandes attentes !
Chonbi
Ah oui merde, je l'avais oublié, celui-là !
bien ton classement, on en a 3 en commun et j'ai découvert quelques trucs sympa sinon !
mais ça commence un peu à ressembler à du placement produit pour ton bistrot ton blog la ! (humour, je précise, on sait jamais avec la magie d'internet)
J'allie l'utile à l'utile.
Tout ce que je retiens c'est que t'étais à Bruxelles y'a quelques jours et que t'as rien dit.
Pfff ouais je sais, en plus j'ai tenté de choper ton 06 mais je l'ai pas trouvé... J'aurais du te prévenir par mail, bordel.
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Salutations cordiales.
Joseph
Non merci, je me fais déjà des couilles en or.
Ah-ha-ha-ha-ha!
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